Lieu vivant du cœur de ville, l’Hôtel Saint-Côme à Montpellier, a vu naître la chirurgie dans son amphithéâtre Lapeyronie. Puis devenu le siège historique de la Chambre de Commerce et d’Industrie depuis 1919.

L'Hôtel Saint-Côme a été élevé de 1752 à 1757 par l'architecte Jean-Antoine GIRAL avec les fonds légués par François Gigot de Lapeyronie pour servir d'amphithéâtre au collège de chirurgie.
François GIGOT de LAPEYRONIE est né le 15 janvier 1678 à Montpellier. Chirurgien à l'âge de 17 ans, il part dans la capitale en tant que barbier du Roi. Il sera anobli en 1721 par Louis XV.
Créateur de l'académie de chirurgie, François de Lapeyronie lègue par testament en 1747, 100 000 livres aux chirurgiens montpelliérains pour l'édification d'un amphithéâtre d'anatomie.
Selon son souhait, le bâtiment a pour modèle l'amphithéâtre de Saint-Côme de Paris. Il est formé par deux bâtiments séparés par une cour. L'un, de forme octogonale à l'extérieur, renfermait un amphithéâtre destiné aux démonstrations d'anatomie et l'autre abritant des salles destinées aux assemblées de chirurgiens.
La leçon inaugurale fut donnée le 25 avril 1757. Une rente de 1 505 livres fut ajoutée par François Moostet, premier chirurgien des armées du Roi, pour la création d'une école pratique d'opération et de dissection.
Pendant 40 ans, l'école d'anatomie a siégé à l'Hôtel Saint-Côme : de 1757 à la Révolution française.
La France a été la vraie patrie de la chirurgie, comme l'Italie celle des Beaux-arts ou Athènes celle de l'éloquence et de la philosophie.
L'amphithéâtre de l'Hôtel Saint-Côme n'est pas le premier lieu qu'ait connu Montpellier pour découvrir et enseigner l'anatomie. Guillaume RONDELET, chancelier de la faculté de médecine de Montpellier, encyclopédiste contemporain de Rabelais, médecin créateur d'une démarche anatomo-pathoIogiste, disposait déjà d'un théâtre d'anatomie. Il aurait sollicité des membres de sa famille pour être disséqués après leur mort...
François de Lapeyronie a été le premier chirurgien du roi Louis XV, qui a pu à jamais séparer les chirurgiens de la compagnie des barbiers. En leur faisant accorder une charte, il les mit sur un pied d'égalité avec les médecins.
Les leçons d'anatomie étaient alors, notamment au XVIIème siècle, des évènements pour les étudiants médecins, mais aussi pour la société. Cette pratique pédagogique et scientifique avait une étonnante dimension de spectacle festif et de rituel.
En 1792, l'école fut supprimée. Un décret du 3 floral an III ordonnera la vente au profit de la Nation de l'édifice de l'école de chirurgie, qui fut intégrée avec l'école de Santé dans l'Université de Médecine.
Le 2 janvier 1801, la Bourse de Commerce de la Commune de Montpellier s'installe dans les locaux, et depuis 1920, la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI).
Le 15 janvier 1704, un arrêt du conseil du roi "ordonne de quelle manière sera fait rétablissement de la Chambre particulière de Commerce dans la ville de Montpellier". Le roi Louis XIV a 61 ans. Le Languedoc s'étend alors de Toulouse à Viviers et compte environ 1,3 million d'habitants. 13 000 personnes peuplent Montpellier.
L'économie du Bas Languedoc est représentée par le vin, le commerce, la draperie, les tanneries, la soie et la chimie. La Chambre comptait sept membres et avait déjà pour mission d'exprimer les propositions des commerçants sur "ce qui leur paraîtrait le plus propre à faciliter et augmenter le commerce ou les plaintes de ce qui peut y être contraire".
La Révolution supprima temporairement les Chambres, qui seront rétablies en 1802 par le consulat de Bonaparte, époque à laquelle l'hôtel Saint-Côme sera attribué à un rôle consulaire.
Le statut moderne des CCI date de la loi Boucher du 9 avril 1898 qui en fait des établissements publics administratifs.
La CCI de Montpellier devient par décret du 14 avril 2016 la CCI Hérault. Son territoire est actuellement composé de plus de 90 000 entreprises inscrites au Registre du Commerce et des Sociétés.
Ce n'est pas sans raison que le vitrail début XXème, qui décore le hall de l'accueil de l'hôtel Saint-Côme, représente le Pic Saint-Loup entouré de pampres de vigne.
En 1856, Henri PAGEZY, Président de la Chambre de Commerce, participe à une délégation officielle à Londres pour faire campagne pour l'abaissement des droits de douanes et promouvoir le vin héraultais. La démarche trouvera une retombée importante avec le traité de libre-échange franco-anglais de 1860.
Une étude réalisée par la CCI Hérault montre que depuis le milieu du XIXème siècle, le vin supplante l'industrie textile qui avait été, au XVIIIème et dans la première moitié du siècle, l'industrie moteur et exportatrice de la région.
La CCI perçoit ce basculement et réalise que la survie du Midi en tant qu'entité économique de poids, réside dans l'existence des chemins de fer pour exporter le vin, ainsi que dans la signature de traités de commerce basés sur le libre échange des marchandises.
Au pied de l'escalier se trouve une statue à l'antique du dieu grec Hermès (Mercure pour les Romains), dieu du commerce. En regardant bien on peut voir au centre du balcon surplombant la Grand Rue Jean Moulin le caducée du commerce, bâton ailé aux serpents entrelacés qui est un attribut symbolique de ce dieu et donc du commerce. Il représente l'équilibre des forces, la médiation.
À ne pas confondre avec le bâton d'Asclépios désignant la médecine. Sa présence ici n'est pas liée à l'histoire de l'école de chirurgie du XVIIIème siècle, mais bien à la vie consulaire.
Réalisés par le maître verrier Grüber en 1921, les vitraux de la Salle Lapeyronie constituent l'armorial des villes situées sur le territoire de la CCI Montpellier avant la fusion départementale.

Les travaux de rénovation des façades et toitures entrepris en 2022 visent à préserver l'édifice classé monument historique le 13 septembre 1919 pour la rotonde et le 29 mars 1945 pour la totalité du bâtiment.
Le dôme en pierre de taille et son lanteron ont fait l'objet d'une attention toute particulière pour sauvegarder ce patrimoine du cœur de ville de Montpellier.
La restauration de cet édifice visait avant tout à la sauvegarde et à la préservation de son patrimoine, fierté de la CCI depuis 1919. Ce monument rénové s’intègre aujourd’hui parfaitement au parcours culturel et touristique du cœur de ville et participe ainsi à l’attractivité du circuit marchand.
La sauvegarde de l’Hôtel Saint-Côme à Montpellier est un engagement, plus de 100 ans après que la CCI ait investi les lieux.